« Pas d’écran avant 3 ans »; mais pourquoi?

Ce sont les recommandations des professionnels de santé. Des recommandations pas forcément faciles à suivre pour les parents qui vivent certainement entourés d’écrans.

Les écrans principalement montrés du doigt par les professionnels de santé, sont ceux qui invitent à une consommation passive. On parle notamment des télévisions ou des téléphones s’ils consistent à seulement regarder des images qui défilent.

Ainsi, la télévision allumée en fond est une véritable interférence dans les relations entre parents et enfants. Elle diminue la qualité et la quantité des interactions parent-enfant. Ceci peut conduire à une altération du développement du langage et des capacités socio-relationnelles. C’est principalement vrai pour le temps d’exposition. Il y a une véritable corrélation négative entre le temps d’écran et les performances cognitives globales dès 30 à 60 minutes d’exposition quotidienne.

Ces conséquences négatives s’expliquent notamment par le fait que l’enfant apprend moins bien par l’intermédiaire d’un écran, que via une interaction humaine réelle. En effet, le très jeune enfant n’est pas capable de bien les traiter les informations qu’il reçoit de l’écran. Plus précisément, son cerveau a du mal à transposer dans le monde réel en 3 dimensions, ce qu’il voit sur un écran en deux dimensions.
En outre, pour bien apprendre et comprendre, l’enfant a besoin de renseignements sensoriels et doit répéter les expériences. Ainsi, plus le temps d’écran est limité et l’âge de première exposition tardif, meilleures sont les compétences langagières.

Or les discours marketing vantent les bénéfices des « écrans pour bébé ».

Face à ces écrans, les jeunes enfants vont principalement muscler leur système d’attention exogène, qu’on appelle aussi « système d’attention involontaire ». Il s’agit d’une forme d’attention passive et automatique qui est activée par des stimuli extérieurs.
À l’inverse, le système d’attention endogène permet de se focaliser volontairement sur des tâches. On peut ainsi s’intéresser et suivre des actions parfois fastidieuses, en restant concentré. Or, les tablettes n’aident pas à cette concentration, au contraire.

En outre, elles ont également un impact sur notre champ visuel et notre capacité à détecter des informations dans notre champ visuel. Les écrans des tablettes ou smartphones sont très petits. Or, on s’aperçoit que les enfants prennent l’habitude de s’intéresser préférentiellement à ces petites espaces. Ils négligent alors le traitement d’un grand champ visuel.

À long terme, un usage excessif des écrans perturbent la mémoire des enfants. Ils prennent l’habitude de déléguer leur travail de mémoire à des outils externes. Les jeunes enfants risquent donc plus de troubles de mémoire et, a fortiori, d’apprentissage.

Le « pas d’écran avant 3 ans », se comprend également au vu des intenses stimulations que cela procurent au cerveau. Du son et des images dans tous les sens qui apportent de la nouveauté et activent le « système de récompense ». On observe alors une sécrétion importante de dopamine, l’hormone du plaisir et de la motivation. Or, dans les processus d’addictions, on observe une désynchronisation des circuits de la récompense et de ceux de la motivation et du contrôle. Chacun va fonctionner isolément. Cela se traduit par une perte de motivation et du contrôle et une recherche de la récompense immédiate. Une récompense apprise et enregistrée à force de répéter le comportement (par exemple l’usage des écrans). Il est cependant à noter qu’aucune étude, à ce jour, n’a mis en évidence un lien d’addiction avec les écrans. Malgré tout, il vaut mieux rester vigilant.

D’une manière plus indirecte, les écrans sont en lien avec des problèmes de santé. Ainsi, plus les enfants passent de temps devant les écrans, plus ils augmentent leur risque de devenir obèses. La sédentarité causée par le temps passé devant les écrans implique une activité physique moindre et parfois la consommation de « malbouffe », à fort taux énergétique.

Pas d’écran avant 3 ans ? Ce n’est pas évident en pratique.

Une étude de 2015 révèle que 58% des 5 – 24 mois ont déjà utilisé un de ces écrans interactifs et cette consommation des outils numériques par les tous-petites est en constante augmentation.
En 2022, ce n’était que 13,5% des parents qui suivaient ces recommandations par rapport aux écrans.

Ces habitudes de vie varient beaucoup en fonction des populations. Les parents avec un niveau d’étude supérieur ou tourné vers des activités culturelles sont plus à même de suivre les recommandations.
Il y a donc un vrai poids dans les inégalités sociales durant la petite enfance. Le fait que les écrans sont plus regardés par les enfants des familles défavorisées est donc un facteur d’accroissement des inégalités sociales entre enfants.

En outre, on reste dans une société d’écrans. Parfois, s’il n’y a pas d’autres solutions, il faut donc mettre en place un principe de co-visionnage interactif. Les parents contrôlent et accompagnent l’usage des écrans. Ceci s’associe à un meilleur développement du langage.
Pour ce qui est des tablettes interactives, certaines études semblent montrer qu’elles permettent d’améliorer la motricité fine. Un usage bien encadré est par contre nécessaire.

Pour conclure, il vaut mieux respecter ce conseil du « pas d’écran avant 3 ans » pour éviter tout risque lié au développement de l’enfant. Si c’est possible il est préférable d’encourager les jeux en plein et la lecture dès le plus jeune âge.

Sources: article : www.science-et-vie.com – Publié le 13 Avr 2025. Auteur : Morgane Petit.

Illustration: www.lesprosdelapetiteenfance.fr